Une salle dédiée à la chemise hawaïenne au musée de la chemise ?

La chemise hawaïenne mérite sa place

 

Même si la ville d'Argenton-sur-Creuse n'est pas très peuplée, elle dispose d'un magnifique musée sur l'histoire d'une des anciennes richesses de la ville : la confection.

Ce musée fait honneur à la ville : moderne, clair, bien agencé, avec trois pôles clairement séparés : les vitrines de vêtements, les ateliers, la salle d'exposition des machines à coudre. Tout est proprement documenté, idéal pour accroître ses connaissances dans un secteur méconnu de la fabrication des chemises. Quelles soient classiques, unies, à carreaux ou chemises hawaïennes leurs histoires sont différentes, mais leur fabrication semblable.

Au début confectionné par des tailleurs puis petits à petits par des industries, leurs fabrications comme leur port se sont mondialisés.

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle (au même moment le grand-père de la chemise Hawaïenne naissait au milieu des plantations sucrières d’Hawaï), Argenton-sur-Creuse et l'Indre ont formé un véritable pôle national dans le domaine de la confection.

 

Malheureusement, comme pour d'autres domaines industriels, la confection française a fini par succomber - dans les années 1980 et 1990 - devant la concurrence des pays à bas coût.


Le musée de la Chemiserie et de l'Élégance masculine nous rappelle l'époque où les ouvriers travaillaient soixante heures - ou plus - par semaine. Il nous rappelle aussi que, par leur labeur, ces ouvriers ont contribué à créer la société dès 35 heures où nous vivons aujourd'hui. Si vous passez à Argenton, ne manquez pas d'aller visiter ce beau musée.

 

Sur Hawaï le rapprochement peut se faire, les conditions de travail étant difficiles, il a fallu un tissu bon marché et robuste. Le Palaka utilisé initialement par les marins  est alors  importé d’Angleterre. Il s’agit d’un tissage sergé de coton épais, très résistant et qui sèche rapidement, en plus d’être facile à réparer. Au début, il est disponible uniquement en bleu, sous la forme d’abord d’une veste et ensuite d’une chemise.

Dans les années 30, l’industrie change. Hawaï passe progressivement d’une industrie agricole à une économie de services, nous sommes à l’aube du tourisme de masse. Comme le jean, la Palaka sort petit à petit de la garde-robe professionnel pour être portée en toutes occasions par la jeunesse. L’industrie commence alors à utiliser des tissus plus légers raccourcir les manches, utiliser des motifs plus colorées, plus recherché.

 


Industriels et fabricants de chemises.
Au XIXe siècle, les deux activités traditionnelles du département de l'Indre, la métallurgie et l'industrie drapière, s'effondrent. Cependant, la main-d'œuvre féminine formée au travail industriel est là. Ce facteur déterminant va attirer l'attention des entrepreneurs de confection, mais également celle des grands magasins parisiens.

 

C’est à cette époque que les premières machine à coudre arrive pour la fabrication un des ancêtres de la chemise hawaïenne, le Yukata venu du japon.


En 1860, dans le bâtiment qui abrite aujourd'hui le musée de la Chemiserie et de l'Élégance masculine, Charles Billaud crée le premier atelier mécanisé à Argenton-sur-Creuse. Son beau-frère, Jean Gaultier en devient directeur. Il installe la première machine à coudre, une Goodwin à deux fils.
D'autres industriels vont suivre. Et avec eux les ingénieurs qui conçoivent les machines à coudre. Rapidement l'Indre devient le pôle national des ateliers de confection. Les sources indiquent que, en 1885, on dénombrait neuf entreprises de confection à Argenton, totalisant 1259 salariés, sans compter les nombreuses ouvrières à domicile. En 1902, de neuf on est passé à une vingtaine.

Dans les années 30, à la même époque que le dépôt de la marque Aloha Spirit spécialisé dans la chemise Hawaïenne, cent-cinquante établissements sont inscrits au Syndicat des confectionneurs dans l’Indre.

Dans les années 40, 450 personnes confectionnent des chemises hawaïennes à Hawaï.

En 1958, dans le département de l'Indre, soixante-six entreprises fabriquent de la chemise. On en compte seize à Argenton-sur-Creuse et à Saint-Marcel. En 2006, il n'en reste qu'une seule.

La confection en 2006.
Le secteur de la confection était encore florissant dans le département de l'Indre en 1985. On y comptait 6000 ouvrières. En 2005, douze entreprises sont encore présentes, totalisant 500 salariés.


Mais la nature du travail a changé. Ce ne sont plus des indépendants, mais des façonniers, autrement dit des sous-traitants qui n'ont plus de produits propres. Ils travaillent pour les donneurs d'ordre parisiens.
La source du déclin est bien évidemment la délocalisation du travail vers les pays à bas coût de production, bas coût qui s'explique par des normes sociales et environnementales souvent inexistantes.

 

Malgré cette concurrence, des entrepreneurs ont pu survivre en se positionnant sur des créneaux porteurs comme le luxe ou le vêtement professionnel.
Cependant, dans le bassin d'Argenton lui-même, les trois établissements de confection que l'on y trouvait ont été contraints de fermer leurs portes entre 2003 et 2005. Le dernier à fermer était l'usine Lordson (ex Royalfrance). Il a depuis trouvé un repreneur, mais ne compte plus que quelques ouvrières.

 

L’histoire de la chemise hawaïenne ou non,  baroudeuse à travers le monde ne s’en trouve pas arrêté…

Quelques outils de l’industrialisation présente au musée

 

Le banc de machines à coudre utilisé pour la fabrication de chemises, était installé dans les entreprises à partir de  1930.
À la fin du XIX siècle, la demande de chemises s'accroît sur le marché. Il faut augmenter la production et mieux organiser le travail. Installée au banc, une « mécanicienne » réalise une ou plusieurs opérations différentes, toujours les mêmes. Quand elle a terminé, elle passe la pièce à sa voisine qui poursuit la tâche.

Au niveau mécanique, on parle de « banc » parce que les machines à coudre étaient mises en rotation par un seul arbre, placé dans la partie centrale, sous l'auge en bois. L'arbre était lui-même actionné par un moteur électrique. Un astucieux jeu de courroies et de poulies assurait le mouvement de chaque machine. Au moyen d'une pédale, une mécanicienne pouvait assurer la vitesse de sa machine propre..

 

La scie à ruban est vraisemblablement l'une des machines les plus dangereuses utilisées dans la confection. Elle servait à la découpe des petites pièces (cols, rabats de poche ou encore poignets). Conçue pour garantir une grande qualité dans la précision de la découpe, elle demande toujours une grande attention. Le musée n'offre pas de chiffres sur les accidents de travail sur cette machine, mais on peut supposer qu'il y en a eu...

Les premières machines à laver (début du XXe siècle). Ces machines fonctionnaient manuellement. Le linge était brassé, non pas par un tambour rotatif comme dans les machines actuelles, mais par un système de pales (que l'on voit sur la photo). Une fois que le linge était rincé, le système en bois fixé en haut de la machine de gauche servait à l'essorer

 

Source : Panneau exposé dans le musée.

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